Céramiste, écrivain et savant français (Agen vers 1510-Paris 1589 ou 1590).
Beaucoup ne voient en lui qu’un céramiste obstiné brûlant ses meubles dans son four pour essayer de réaliser des plats émaillés aussi beaux que ceux fabriqués alors par les Italiens. Derrière l’image simpliste qu’il a lui-même contribué à forger se cache une personnalité autrement complexe et fascinante. Autodidacte devenu encyclopédiste, cet homme issu du peuple, qui sera le protégé des rois de France, tout en étant persécuté pour sa foi protestante, et qui possédait une force et une vitalité peu communes, est le premier à comprendre que les fossiles sont des restes de plantes et d’animaux, et qu’ils constituent la preuve du déplacement des mers.
On sait peu de chose sur sa jeunesse. Il fait son apprentissage de peintre-verrier à Saintes. Il s’installe dans cette ville après avoir accompli le traditionnel tour de France des compagnons, qui lui permet de se perfectionner dans son art et aussi d’observer la nature dont tous les aspects l’intéressent. Il se marie (il aura de nombreux enfants) et se convertit au protestantisme. Vers 1539, il délaisse le verre pour la poterie et, durant de longues années, s’adonne à de multiples expériences afin de trouver le secret de l’émail blanc. Il sacrifie tout à ses recherches, allant de son propre aveu jusqu’à brûler les planchers et les tables de sa maison pour alimenter son four. Comme il doit faire vivre sa nombreuse famille, il exerce parallèlement la profession d’arpenteur-géomètre. En parcourant, sa chaîne à la main, les marais salants de Saintonge, il observe la faune aquatique dont il s’inspire pour la décoration de ses plats.
Ayant acquis la maîtrise des émaux, il commence à produire la fameuse vaisselle qui a fait sa réputation à partir de 1555. Ses « bassins rustiques » sont de grands plats ornés d’animaux ou de coquillages en relief : un lièvre qui court, une écrevisse qui étend ses longues pattes, un lézard qui grimpe… Il fait la connaissance du connétable Anne de Montmorency, pour lequel il réalise notamment, à Écouen, une grotte à décor céramique représentant plantes et animaux marins. Le connétable le présente à la reine mère Catherine de Médicis qui l’invite, en 1566, à venir travailler à la décoration du nouveau palais des Tuileries. Bénéficiant de la protection royale, B. Palissy échappe au grand massacre des protestants en 1572, mais doit quitter Paris. Il se réfugie à Sedan, d’où il revient bientôt pour donner, à Paris, des cours publics d’histoire naturelle qui attirent savants et érudits. Tandis que ses fils continuent à fabriquer des pièces de céramique dans son atelier, il rédige ses Discours admirables dont un chapitre, intitulé « Art de terre », livre son expérience de potier. Il forme également un « cabinet de curiosités », ébauche d’un musée d’histoire naturelle, qui abrite toutes sortes de « choses admirables et monstrueuses ». En 1586, il est de nouveau emprisonné à cause de ses convictions religieuses. Sommé de se convertir, le vieillard refuse de plier. Il meurt en prison, à la Bastille, vraisemblablement victime de la faim et des mauvais traitements.
Ses poteries émaillées, dites figulines, ornées d’animaux et de plantes moulés au naturel sur des plats et des vases et recouverts de glaçures brillantes, ont été très imitées par ses disciples, puis au xixe s., notamment par Ch. Avisseau. Ses recherches ont amené de notables progrès techniques dans la diversification et le mélange des glaçures.
D’après « Larousse en ligne »